La fabrique de Montières, fondée en 1915 dans le quartier d'Amiens du même nom, débuta modestement en tant que petite faïencerie. Lorsque les fondateurs furent mobilisés pendant la Première Guerre mondiale, l'industriel Désiré Borck prit les rênes de l'entreprise en 1917. Sous la direction artistique de Jean Barol, un potier expérimenté, l'atelier se spécialisa dans la production de céramiques. Barol recruta des artistes locaux, certains ayant déjà travaillé dans l'atelier de camouflage français pendant la guerre. Initialement, la terre utilisée venait de Vallauris, donnant aux pièces un style Napoléon III, mais après 1920, l'entreprise adopta l'Art Nouveau comme style prédominant. En 1927, la SARL de la Céramique d'art de Montières fut créée, marquant un essor important. Cependant, la crise de 1929 affaiblit l'entreprise, qui ferma définitivement ses portes en 1936, victime de la concurrence étrangère.

Pendant près de quinze ans, de 1917 à 1933, Amiens fut le berceau de céramiques de qualité, caractérisées par les styles Art Nouveau et Art Déco, produites principalement dans le quartier de Montières.

Montières, autrefois un village, est devenu un quartier d'Amiens, en grande partie grâce au développement le long de l'ancienne route d'Abbeville, stimulé par l'ouverture de la gare de Montières en 1877. Le quartier abrita une activité notable de production de céramique d'art entre 1917 et 1933, et était également le lieu de résidence et de travail du sculpteur Léon Lamotte. Après la Seconde Guerre mondiale, une zone industrielle fut établie dans la partie est du quartier.